Presse de caniveau, mais point de pissotières !
La rancoeur, les scandales, le quand dira-t-on, le "politiquement louche-correct"...et j'en passe, pullulent dans les magazines qui vont jusqu'à faire des numéros spéciaux avec des prix spéciaux pour alpaguer le potentiel lecteur.
Tout ce flot de mots nous coule sous les yeux au gré des devantures des maisons de la presse et des kiosques à journaux quand ce ne sont pas des affiches grandeur nature qui nous hélent sur les périphériques...
Oui, les journalistes sont incurables,et à défaut de vomir, tout cela me donne envie de faire pipi. Ne dit-on pas: une presse de caniveau ? Le caniveau, moi, ça me donne aussi envie de m'épancher mais pas dans une loghorrée verbale; plutôt dans l'ardeur d'un besoin plus que naturel.
Hélas, on chasse le naturel et il revient au galop au gré de nos pérégrinations urbaines.
Qui n'a pas fait de shopping avec l'envie latente, puis furieuse de se soulager, installé confortablement sur le trône de ses rêves ?
Hélas, encore hélas, le trône n'existe pas. Mon royaume pour un cheval ? Mon royaume pour un bidet, oui-da !
Vous avez beau monter et descendre des rues de toutes sortes, aborder une grande place d'en l'espoir de se voir profiler la terre promise, que nenni ! Le désert !
Oui ! Voilà un des maux les plus cruels qui frappe aujourd'hui le quidam ou la drôlesse arpenteurs de bitume...des villes d'aujourd'hui.
IL N'Y A POINT DE POINT D'AISANCE !
Point d'oasis sponsorisé par nos deniers de gentils contribuables où poser ses fesses quand les jambes se font lourdes et la vessie pleine.
Point de lieu d'aisance, point de sanisette ou de pissotière où secouer furieusement les outils que nous a donné le créateur comme le curé secoue son goupillon en murmurant quelques pater !
Que s'est-il passé pour que notre société régresse à ce point ??
En serons-nous réduits comme toujours à faire des acrobaties ??
Les besoins sont pourtant nobles et les satisfaire ne contriburait qu'au bien-être national.
Imaginez les rues délestées des flaques séchées laissées par des quidams pressés et agacés de devoir se satisfaire avec un plaisir coupable sur le premier mur venu.
La France ressemblerait à la Suisse !
Oui, là-bas, on ne peut faire un pas (du moins à Lausanne; j'y ai été !) sans rencontrer un "kiosque à pipi", un urinoir public, une vespasienne accueillante !
Oui, là-bas on peut faire un pas sans crainte de mouiller ses sandales (quand c'est l'été) sur le pipi des autres !
Oui, là-bas, je l'ai vu, le paradis pour le repos de votre vessie existe !
Dommage que les suisses n'aient point voulu rentrer dans l'Union Européenne...ils auraient pu nous faire profiter de leur "savoir-faire pipi" !
Ceci dit, j'ai peut-être la réponse à la disparition de nos pissotières qui ont fleuri, voire embaumé nos villes, il fut un temps lointain, bien que remplacées sporadiquement par quelques sanisettes (plus égalitaires, il est vrai pour les deux sexes).
En effet, je me suis laissé dire qu'à certaines époques, certains messieurs profitaient de ces lieux d'aisance pour essayer de satisfaire des besoins autres que nécessaires pour leur vessie;
d'où la fermeture de ces oasis dans bon nombre de nos villes ??
"J'étais à la brigade de mœurs, voilà douze ans. Un jour savez-vous qui je poisse, en compagnie d'un jeune garçon boucher, dans une vespasienne ? Un vieux monsieur décoré ... du meilleur monde."
(Francis Carco, "Messieurs les vrais de vrai", 1927) (source : Wiktionnaire)
"Monsieur le sénateur, il vous arrive une histoire fâcheuse... Vous vous êtes permis quelques privautés sur la personne d'un petit marmiton qui stationnait dans une pissotière." Victor Méric : "Les Compagnons de l'Escopette : roman de sac et de corde" ,
Éditions de l'Épi, 1930) (source : Wiktionnaire)
En attendant, de savoir le vrai du faux, de trouver les vrais coupables de la disparition de nos édicules publics; enfin, en espérant le retour de nos urinoirs urbains, voici un roman à lire pour saisir l'importance d'une vespasienne dans la vie de n'importe quelle ville, si petite soit-elle:
"Clochemerle" de Gabriel Chevalier, 1934. Roman satirique.